dimanche 19 décembre 2010

Décès de l'immortelle Jacqueline de Romilly


L'académicienne et spécialiste de la Grèce antique est décédée samedi 18 décembre 2010. Elle fut la deuxième femme à entrer à l'Académie française (après Marguerite Yourcenar) et la première professeure à enseigner au Collège de France.

 
Selon elle, "toute la morale politique et la philosophie hellènes visent à la clarté et à l'universel", expliquant ainsi le caractère  impérissable de l'influence des textes de la Grèce antique.
 

lundi 6 décembre 2010

L'Homme qui marche

Jirô Taniguchi



Cet album pourrait se résumer ainsi : prendre le temps, prendre son temps.

Prendre le temps d'observer le paysage, la ville, ses coins et ses recoins. Prendre son temps - sans le perdre, loin de là - sans hâte se rendre tranquillement sur son lieu de travail, descendre une station avant pour profiter du décor.

Les dessins de Taniguchi sont très minimalistes, les balades, les errances et découvertes sont pour la plupart silencieuses, comme si cette plénitude se vivait à défaut de s'écrire. Observer, découvrir, lutter contre la vitesse imposée et devenir ainsi moins ignorant de son environnement.

Alors que l'adaptation cinématographique de Quartier lointain est sortie ce mois-ci, pourquoi ne pas suivre également cet homme erratique et contemplateur mais jamais oisif?



samedi 4 décembre 2010

Actualité littéraire


26e édition du salon du livre et de la presse jeunesse à Montreuil du 1er au 6 décembre 2010



lundi 22 novembre 2010

Les Petits Mouchoirs de Guillaume Canet

Actuellement au cinéma: 4 semaines et 4 millions d'entrées




Malgré un prometteur Mon idole, entièrement d'accord avec Télérama qui ne croit pas au talent de Canet en tant que réalisateur: un casting bankable pour attirer le chaland, une bande originale dénuée d'originalité et tire-larmes, une bonne dose de surjeu pour faire rire et un dénouement mélodramatique prévisible dès le commencement du film...

Pour l'hebdomadaire, le film « aussi vide qu'est grande sa prétention à faire date » malmène les personnages:

Ont-ils le droit d'être aussi antipathiques, lourdement caricaturés, et désespérément incultes ? On sait que non. On a rarement vu, dans un film aussi long, des personnages évoluer si peu : dessinés à gros traits, ils ne bougent pas d'un iota, à l'image de François Cluzet répétant ad nauseam ses mimiques de psychorigide friqué. Ne faire qu'une fois une scène quand on peut la reproduire trois ou quatre fois, ce serait gâcher une idée.

                           Citation extraite de la critique d'Aurélien FERENCZI

En effet, qui se reconnaît dans ces personnages trentenaires-quarantenaires se comportant comme des jeunes de 20 ans (alcool, fumette, histoires de fesses et fausse amitié pour le moins intéressée)? Obnubilée par ses petits problèmes sentimentaux, la "bande de potes" ne change rien à ses petites habitudes malgré un copain gravement accidenté, et se rend comme tous les ans en vacances. C'est bête hein quand on se rend compte trop tard que le bon vieux pote qu'on adore est **** comme un chien?! Ah, le mot de la fin laissé à Jean-Louis l'ostréiculteur (ami de Canet, premier rôle à l'écran), la voix de la sagesse!



De petits egos pour un hymne à notre société individualiste et narcissique... Sortez vos petits mouchoirs!

dimanche 31 octobre 2010

Il reste du jambon? d'Anne Depetrini


Il reste du jambon? nous rappelle Mauvaise foi de Roschdy Zem où le couple mixte juive/musulman incarné par Cécile de France et Roschdy Zem affrontait les mêmes problèmes de couple liés à leur différence d'origine culturelle, religieuse et sociale.


Dans Il reste du jambon?, le couple n'attend pas d'enfant mais doit tout de même faire face à de nombreux sujets de discorde: jambon VS mouton et problématique intégration dans la famille de l'être aimé. Anne Depetrini, compagne à la ville de Ramzy Bédia, nous livre un film quelque peu autobiographique et utilise à bon escient le comique de situation et de caractère. Les personnages quelque peu grotesques viennent amplifier les oppositions entre famille française bourgeoise et famille musulmane d'une banale cité du 92. Mais les deux familles, bourrées de préjugés, se ressemblent finalement beaucoup. Si l'intrigue tourne autour des deux tourtereaux et l'efficace humour de Ramzy (surtout dans les quinze premières minutes du film), les seconds rôles pimentent les scènes: Eric Judor en vigile raciste, Jean-Luc Bideau en intello barré, Marie-France Pisier et Biyouna, belles-mères extravagantes, Géraldine Nakache, la copine envahissante et Leïla Bekhti à nouveau petite soeur rebeu à la langue bien pendue (Mauvaise foi).

Un film divertissant qui s'inscrit dans la veine des comédies sociales actuelles, mais qui n'en renouvelle pas le genre: Dieu est grand, je suis toute petite, Mauvaise foi, Tout ce qui brille...


Il reste du jambon ?
Anne Marivin et Ramzy Bedia

lundi 18 octobre 2010

Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu de Woody Allen


Après l'excellent Whatever works, Woody Allen récidive pour notre plus grand plaisir. En effet, il reprend et développe les thèmes de son précédent film: couples en déliquescence, peur de la vieillesse et de la solitude, médiocrité et faiblesse des hommes. Toujours dans une ambiance comique à la limite du grotesque.

La galerie de personnages est encore une fois absurde mais tellement vraie! La dépressive Helena ne se remet pas de son divorce mais va trouver la paix grâce à Cristal (une voyante qui lui dit ce qu'elle veut entendre), Roy est un écrivain raté et imposteur, Alfie, ex-mari d'Helena, est un retraité en quête de chair fraîche courant après sa jeunesse perdue, Sally désire un enfant et la reconnaissance professionnelle, alors que son patron Dom Juan et la poule de luxe de son père s'amusent de leur pouvoir de séduction.

Ces anti-héros, malheureux en amour et plus généralement dans la vie, cherchent à tromper leur solitude avec un nouveau compagnon. Mais cela n'a rien de facile! Oscar Wilde a dit "le mariage est la principale cause de divorce" et Sacha Guitry "le mariage est comme le restaurant : à peine est-on servi qu’on regarde dans l’assiette du voisin..." , il est indéniable qu'ils avaient raison!

mercredi 1 septembre 2010

Sexy Dance 3


Certes, le scénario est assez conventionnel : deux bandes rivales s'affrontent, la belle du camp des méchants "Samouraïs" infiltre le camp des gentils "Pirates", et tombe amoureuse de son leader... 
Mais ici, le combat s'effectue à grands coups de chorégraphies break dance dans un seul but : remporter le plus grand tournoi, la World Jam.

Voici enfin un film qui exploite au maximum les potentialités de la 3D : toutes les scènes de danse sont en 3D et jouent au maximum avec la profondeur et les effets de jaillissement. Les break dancers s'envolent dans les airs et nous propulsent dans leur univers artistique, celui des arts de rue.

Mais la danse n'exclut pas d'autres domaines, bien au contraire : Luke rêve de cinéma et Moose souhaite entamer un double cursus danse/ingénieur. Comme si la maîtrise de la danse permettait de croire enfin en ses rêves...


mardi 31 août 2010

mardi 10 août 2010

Petit aperçu de mon séjour en Crète


Je ne crains rien. Je n'espère rien. Je suis libre.
Nikos Kazantzakis

 
Le Palais de Knossos (période minoenne)

La salle du trône du Palais

Les vestiges du théâtre

Fresque "Prince au lis"



HERAKLION, VILLE MARQUEE PAR L'OCCUPATION VENITIENNE ET OTTOMANE



Eglise Agios Titos

Fontaine Morosini

Le marché pittoresque


VILLAGE DE BALI, CRETE DU NORD


La plage et le port


Littérature crétoise

-Nikos Kazantzakis (1883-1957) : Alexis Zorbas, La Liberté ou la mort
-Pandelis Prevelakis (1909-1986) : Le Soleil de la mort, Le Crétois

-Jacques Lacarrière (1925-2005), écrivain voyageur amoureux de la Grèce : L'été grec
-Henry Miller (1891-1980) : Le Colosse de Maroussi

Les meilleurs professeurs sont ceux qui savent se transformer en ponts, et qui invitent leurs élèves à les franchir.

NIKOS KAZANTZAKIS

mercredi 14 juillet 2010

Shrek 4, il était une fin


Que serait Fort Fort Lointain si Shrek n'avait pas délivré Fiona?

Dans cet ultime opus, Shrek, époux et père un brin lassé par sa vie bien rangée, rêve de redevenir l'ogre terrifiant qu'il était autrefois. Il signe un pacte avec le maléfique Tracassin : en échange d'un jour de sa vie, il va pouvoir récupérer son statut d'ogre effrayant. Mais propulsé dans un monde parallèle sous le règne du terrible Tracassin, la vie est loin d'être un conte de fées! Ses amis ne le connaissent pas et il doit reconquérir l'amitié de l'Ane, l'amour de Fiona et vaincre le despote.

Ce dernier épisode clôture à merveille les aventures de Shrek. Tous les ingrédients sont là : détournement des contes de fées tout en suivant leur schéma, dialogues acérés (mention spéciale aux répliques de l'Ane), personnages hauts en couleur et chouettes trouvailles comme par exemple les changements de perruque de Tracassin en fonction de ses humeurs.




Tous les personnages sont réunis et de nouveaux font leur apparition : Pinocchio, Petit Biscuit, Dragonne, les sorcières, Harold, Chat Potté ou plutôt Chat Potelé, l'oie géante et une tripotée d'ogres rebelles... Trois jolies références : le monde parallèle à la Carroll, Fiona en Xena la guerrière et le pastiche de la scène de La Belle et la Bête de Disney.

Enfin, le spectateur est davantage pris dans le feu de l'action grâce à la 3D, même s'il est préférable d'enlever les lunettes pour profiter au maximum des couleurs des scènes en 2D.

Consolons-nous car si l'ogre vert tire sa révérence, il laisse place au Chat Potté dont on attend avec impatience le spin-off.



Tracassin et sa perruque Grosse colère



Bientôt le spin-off Chat Potté...


vendredi 25 juin 2010

Quai d'Orsay, Chroniques diplomatiques


Christophe Blain et Abel Lanzac, Quai d'Orsay, Chroniques diplomatiques, Tome 1, Dargaud, 2010.

Abel Lanzac, le scénariste de cette bande dessinée, s'est inspiré de son expérience de conseiller du ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin.

Immergé dans les coulisses du ministère, le lecteur découvre la mécanique de la politique internationale et la vie d'un cabinet ministériel. Si comme dans tous les milieux professionnels, le cabinet vit au rythme de coups bas et de crises (les rivalités entre ministères et  la pression médiatique en plus),  le charme de cette bande dessinée demeure Alexandre Taillard de Vorms, comprenez Dominique de Villepin, véritable personnage comique dessiné par Christophe Blain.

Arthur Vlaminck, jeune intellectuel, est recruté "aux langages" par le ministre (il va avoir la lourde tâche de réaliser ses discours). Le ministre apparaît comme un homme à la personnalité complexe. Cet homme, bourré de contradictions, semble agir au gré de ses caprices : perfectionniste insupportable, tyran peu crédible car trop cocasse par ses mimiques (la manière dont il stabilobosse les oeuvres, ses entrées "tornades"). Influencé par la littérature et ses amis artistes, il souhaite instiller dans ses discours les formules contradictoires des Fragments d'Héraclite! La politique internationale éclairée par la philosophie? De quoi rendre chèvre le pauvre Arthur, condamné à réécrire sans cesse des discours abscons! 

Comment naissent les communications politiques et à partir de quelles inspirations? Vous allez être surpris! Dans le bureau ministériel, les paroles du ministre, souvent incohérentes et contradictoires, se transforment par la suite en déclarations publiques ovationnées. Alors génie ou imposteur? A vous de trancher!


"Tintin", ce sont des enjeux énormes.


vendredi 28 mai 2010

La DER sur Paname des Fourmis le jeudi 3 juin‏


Pour fêter le débarquement le jeudi 3 juin à 20h, et ne pas laisser Sarko s'approprier cet événement, venez nombreux, chez Gudule, conso uniquement et participation financière libre, avant une tournée en province.

Le spectacle : Les Fourmis de Boris Vian.
Le rendez-vous : Le 3 juin 2010 à 20h, Chez Gudule, 65 Boulevard de la Villette à l'angle de la rue Vicq D'Azir. Metro colonel Fabien ou belleville resas conseillés.
Tel : 06 61 74 11 43
http://www.billetreduc.com/38938/evt.htm nombre de places limité.

Article d' Elena Baiges Roig:

Juste ces trois données devraient suffire à remplir cette salle libre et indépendante, qui devient un incontournable du Paris du XXIe siècle. Si Paris demeure une fête, c’est grâce à des initiatives comme celle de la Bande à Gudule. William Dreyfus, comédien passionné et charismatique, à la personnalité attachante, prête son corps et son talent à un soldat naïf dont le spectateur suit le parcours vital dès son débarquement sur les plages de Normandie. Pour donner à connaître l’œuvre de Boris Vian, la scène est un lieu privilégié.

William Dreyfus, en tant qu’homme de spectacle et pour qui "avec Boris Vian tout est possible", ne pouvait rester insensible au potentiel scénique de l’œuvre vianesque. La nouvelle possédant un ancrage spatio-temporel important (nous sommes sur les plages du débarquement allié pendant la seconde guerre mondiale), William Dreyfus entend que ce texte vibre d’une actualité accablante : « Les Fourmis, nous dit-il, c’est Sarajevo ». Il crée donc le spectacle pour des cafés, des collèges ou des bibliothèques. Puis, en septembre 2009, dans le cadre des hommages à Boris Vian lors du cinquantième anniversaire de sa mort précoce, il adapte Les Fourmis au théâtre. Toujours aux côtés de Laurent Mallamaci, metteur en scène mais aussi peintre, photographe et sculpteur reconnu, ils décident de garder les principes du café-théâtre, renonçant au décor, et conférant un rôle principal à la musique, à la lumière et aux accessoires.

W. Dreyfus se souvient de cette mise en scène de L’Écume des Jours qu’il a vue au collège et qui lui a donné l’envie de faire du théâtre. Or voici qu’avec Vian, il retrouve l’enfant qui reste en lui, mais surtout, il rend hommage à son père, lui qui a tant été marqué par le poids d’une injustice.

Les Fourmis, que vous pourrez voir le 3 juin, est une « lecture animée » où les images et gestes de BD se succèdent à un rythme frénétique, soutenu par une bande son qui aurait enchanté le Vian chroniqueur. La guerre, un des thèmes majeurs chez Bison Ravi, est le sujet de fond, mais c’est une guerre particulière, un point de vue nuancé, dans la ligne de l’humour vianesque. Dérisoire ? Surréaliste ? Théâtre de la cruauté ? Cabaret ? Oui, tout cela et encore plus.

Tous ceux qui ont déjà vu le spectacle seront au rendez-vous pour le revoir : Vian ne passe pas hélas tous les jours sur les scènes françaises. Vous ne l’avez pas encore vu ? Courez Chez Gudule le 3 juin !

vendredi 23 avril 2010

Alice, où es-tu?






Si le seul nom de Burton suffit à susciter la révération, nous ne pouvons tout de même pas tout accepter du roi...


En effet, si esthétiquement nous ne pouvons presque rien lui reprocher, il n'en demeure pas moins qu'il a sacrifié le contenu du récit merveilleux de Lewis Carroll au nom de l'effet de spectacle et nous livre des personnages carnavalesques inconsistants au langage invraisemblable et rarement drôle.


Tim Burton se perd dans le labyrinthe du conte carrollien et réduit le récit à une vulgaire et incohérente guéguerre de reines sans queue ni tête. Alice, la sauveuse en armure, est d'un coup catapultée dans une bataille digne d'un blockbuster qui tombe comme un cheveu sur la soupe...


Burton oublie l'essentiel, la poésie et le merveilleux inhérents au récit de Carroll. Son Alice est de ce fait insignifiante, déjà exsangue, et se débat sans grande conviction dans un univers proche du Monde de Narnia. Cette adaptation enfantine amputée de la substantifique moelle du récit original ne fait que révéler l'usure des éléments constitutifs du film burtonien: l'univers noir est hors de propos ici et la collaboration avec Depp semble avoir atteint ses limites... Bref, un univers visuel sombre et féerique - aussi original qu'il soit - ne peut se calquer sur n'importe quelle création cinématographique en dépit du fond.


A vaincre sans péril...


vendredi 9 avril 2010

Histoires de banlieues



Deux films, un même décor: la banlieue est à l'honneur au cinéma.

Deux premiers films et deux approches totalement différentes. D'un côté la banlieue résidentielle paisible, de l'autre la banlieue dans toute sa noirceur.

Dans son premier film en tant que réalisateur, Pascal Elbé, brasse tous les problèmes qui semblent inhérents à la vie de banlieue: la délinquance, la drogue, la monoparentalité et plus particulièrement le courage des mères, le travail sous-payé, la folie, la solitude, l'insécurité ambiante, les contrôles d'identité et la ghettoïsation de ces quartiers où même les voitures des médecins constituent une menace avec leur gyrophare... Beaucoup de thèmes abordés pour seulement 1h27 de film... A vouloir trop montrer, Pascal Elbé se perd sans vraiment entrer dans l'un des sujets. Il réalise un film social très noir sur l'impossible intégration des immigrés dans un pays d'adoption qui ne tient pas ses promesses. Le tout sur fond de secret de famille et de conflit arméno-turc à la limite de la lourdeur... L'histoire filmée caméra à l'épaule a tout de même le mérite de nous tenir en haleine, le spectateur entre d'emblée dans l'action. Dans une ambiance noire à la Olivier Marchal - HLM sombres, absence de lumière et couleurs passées -Pascal Elbé nous donne à voir une banlieue où il ne fait pas bon mettre les pieds.


Les deux héroïnes putéoliennes de Tout ce qui brille sont bien loin de cette réalité. Les deux amies banlieusardes n'ont qu'un désir: franchir le périph pour se mêler à la jeunesse parisienne bourge et branchée. Ici aussi il est question d'intégration mais dans un but d'élévation sociale. Les jeunes femmes rêvent de quitter leur banlieue tranquille pour les strass et les paillettes. Quitter les HLM putéoliennes pour les apparts de Neuilly, le centre commercial des Quatre Temps pour les magasins de haute couture. Bien sûr, ce rêve va vite s'effriter au contact de la réalité, la mobilité sociale s'avère impossible et tout ce qui brille n'est pas or... Mais cette histoire est avant tout une belle histoire d'amitié entre deux jeunes femmes - ou plutôt deux "meufs" - qui ont grandi dans une cité HLM tranquille. Elles parlent verlan et délirent, mènent une vie des plus banales. Pour sa première réalisation Géraldine Nakache, accompagnée d'Hervé Mimran, nous livre un film amusant qui laisse passer la lumière et nous montre enfin au cinéma la vie des banlieues sans histoires...

samedi 20 mars 2010

L'Arnacoeur, une comédie romantique anti-gnangnan!



Pour son premier film, Pascal Chaumeil, réalisateur d'épisodes d'Avocats & associés, a réuni un couple de cinéma épatant: les acteurs Duris et Paradis!

Vanessa Paradis, en ce moment sur tous les fronts, musique et égérie Chanel, signe son retour au cinéma dans cette comédie romantique originale qui dépoussière le genre. Sa dernière apparition dans La Clef de Guillaume Nicloux remonte à 2007 .

L'Arnacoeur déjoue avec joie les clichés de la comédie romantique grâce à une arme imparable souvent sous-exploitée, l'humour. Si l'intrigue est assez classique - Alex a quelques jours pour empêcher le mariage de Juliette et tombe amoureux de la belle - l'originalité réside dans un second degré perpétuel. Romain Duris, briseur de couples professionnel, multiplie les mimiques et les situations déjantées. Ses répliques comiques n'ont rien à envier à l'autre duo du film, Julie Ferrier et l'humoriste belge François Damiens, véritable balourd.

En bref, une comédie enlevée qui oscille entre gag, danse et émotion révélant le potentiel comique de deux acteurs habitués à des rôles "torturés".

jeudi 18 mars 2010

Simone Veil entre à la vieille dame du Quai Conti


Elue en 2008 à l'Académie française, Simone Veil a été reçue aujourd'hui par Jean d'Ormesson au fauteuil de Pierre Messmer - le numéro treize que Jean Racine occupa dès 1672.

Simone Veil est la sixième femme à entrer à l'Académie française après Marguerite Yourcenar (1980), Jacqueline de Romilly (1988), Hélène Carrère d'Encausse (1990), Florence Delay (2000) et Assia Djebar (2005).


Extrait du discours prononcé ce jour par Simone Veil lors de la séance publique:


"Mesdames, Messieurs,


Depuis que vous m’avez fait le très grand honneur de me convier à frapper à la porte de votre Compagnie, qui s’est ouverte aussitôt, la fierté que j’éprouve ne s’est pas départie de quelque perplexité. En effet, même si l’Académie française, dès sa naissance, a toujours diversifié son annuaire, jusqu’à, pensez donc, s’ouvrir à des femmes, elle demeure à mes yeux le temple de la langue française. Dans ce dernier bastion, elle épouse son temps, sans céder aux dérives de la mode et de la facilité, et, par exemple, n’est-ce pas Madame le Secrétaire perpétuel, sans donner dans le travers qui consiste à faire semblant de croire que la féminisation des mots est un accélérateur de parité. Or, n’ayant moi-même aucune prétention littéraire, tout en considérant que la langue française demeure le pilier majeur de notre identité, je demeure surprise et émerveillée que vous m’ayez conviée à partager votre combat.
À bien y réfléchir, cependant, depuis que vous m’avez invitée à vous rejoindre, moi que ne quitte pas la pensée de ma mère, jour après jour, deux tiers de siècle après sa disparition dans l’enfer de Bergen-Belsen, quelques jours avant la libération du camp, c’est bien celle de mon père, déporté lui aussi et qui a disparu dans les pays Baltes, qui m’accompagne. L’architecte de talent qu’il fut, Grand Prix de Rome, révérait la langue française, et je n’évoque pas sans émotion le souvenir de ces repas de famille où j’avais recours au dictionnaire pour départager nos divergences sur le sens et l’orthographe des mots. Bien entendu, c’est lui qui avait toujours raison. Plus encore que je ne le suis, il serait ébloui que sa fille vienne occuper ici le fauteuil de Racine. Cependant, vous m’avez comblée en me conviant à parcourir l’itinéraire de ce héros de notre temps que fut Pierre Messmer.
J’évoquais à l’instant la naissance de l’Académie. Dans sa monumentale histoire de France, Jules Michelet la raconte ainsi : en 1636, une pièce de théâtre fait un triomphe à Paris. Œuvre d’un jeune avocat de Rouen, un certain Pierre Corneille, elle ne chante pas, comme l’exigeait la tradition de l’époque, les amours contrariées d’un dieu et d’une princesse antiques. La pièce exalte deux sujets que Richelieu a interdits de séjour, l’Espagne et le duel. Le cardinal est vite exaspéré par ceux qui ont pour Rodrigue les yeux de Chimène. Il prend cet engouement pour un affront et, à la cour et à la ville qui le défient, il veut opposer une assemblée du bon goût. Il sollicite ainsi les avis de Boisrobert, Conrart et quelques autres sur la pièce de Corneille. Vient ainsi de naître l’Académie française, c’est-à-dire, nous dit Michelet, une « société qui s’occupât de mots, jamais d’idées, et qui consacrât ses soins à polir notre langue ». Cette société fut-elle fidèle à la vocation que le cardinal de Richelieu lui avait assignée ? S’est-elle limitée aux seuls mots, à l’exclusion des idées ? Notre propos n’est pas d’en débattre. Observons seulement que ce sont des circonstances politiques autant que littéraires qui présidèrent à la création de votre Compagnie.
Au demeurant, si la première Académie est naturellement peuplée d’écrivains et de poètes, d’un historien évidemment, d’un grammairien, de scientifiques, elle s’enrichit aussi d’un militaire, d’un ambassadeur, de parlementaires, autrement dit d’hommes chargés d’administrer et de servir la chose publique. Est-ce parce qu’elle compte dès sa création des membres des parlements de Paris, Bordeaux ou Rennes, ou qu’elle accueillit plus tard de grandes figures de notre histoire parlementaire, tels Édouard Herriot ou Edgar Faure, que l’Académie française emprunte beaucoup à la tradition parlementaire ?
En tout cas, au-delà même de la proximité, sur notre rive gauche de la Seine, du palais Mazarin et du palais Bourbon, l’Académie française est solidement marquée par un compagnonnage entre l’esprit des lettres et l’esprit des lois, qui cheminent en France bras dessus, bras dessous. Il n’est pour se convaincre de leur parenté que d’observer autour de soi quand on est, comme en cet instant, assis sous la Coupole. Vous formez une magnifique assemblée, même si vous préférez à ce mot celui de compagnie, qui vous renvoie au temps du théâtre et des mousquetaires. Vous siégez dans un amphithéâtre, comme il sied aux représentants du peuple, depuis la Révolution, encore que la place de chacun d’entre vous en ces lieux ne soit nullement fonction de ses idées politiques, comme c’est l’usage au Parlement. Au perchoir – mais ce mot a-t-il cours chez vous ? – se tient un président de séance, secrétaire perpétuel ou directeur en exercice. En séance ordinaire ou extraordinaire, des discours sont prononcés, toujours brillants, parfois animés m’a-t-on dit. Bref, on croise ici toute une procédure et un vocabulaire qui me sont familiers, et m’inclinent à penser que je me trouve bel et bien au cœur d’une assemblée, c’est-à-dire dans un lieu où se réunissent des hommes et des femmes qui considèrent que l’avis de plusieurs sera plus riche et mieux motivé que celui d’un seul. Au fil de ma vie, membre du gouvernement, j’ai fréquenté l’Assemblée nationale et le Sénat, puis appartenu au Parlement européen, que j’ai présidé. J’y ai apprécié ces occasions d’échanges, de débats, de controverses, où s’exprime, quand ils se déroulent dans une atmosphère respectueuse, le meilleur de l’esprit humain. Est-ce pour cette raison que je me sens à l’aise parmi vous ? Je vous remercie en tout cas de m’offrir cet enrichissement".

samedi 13 mars 2010

Quand la DS se transforme en livre numérique...


Nintendo réussit encore une fois à élargir son panel d'utilisateurs en transformant la DS en Ebook: la cartouche 100 Livres Classiques donne accès à 100 oeuvres littéraires (Editions Gallimard, collection Folio classique) pour la modique somme de 30 Euros. Un achat intéressant lorsque notre bibliothèque ne peut plus, par manque de place, accueillir de nouveaux livres... La bibliothèque numérique est très agréable à explorer, les ouvrages sont accompagnés de présentations (livre et auteur), le guide de lecture offre des conseils personnalisés, le lecteur peut noter les livres et télécharger de nouveaux ouvrages par Wi-Fi.


A l'occasion de la sortie de la nouvelle console DSi XL, Nintendo marque un point et conquiert les adeptes du livre numérique. A quand la sortie des 100 Livres Contemporains?



Liste complète des oeuvres:


-Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes

-Honoré de Balzac, Les Chouans, Le Colonel Chabert, Illusions perdues, La Maison du chat-qui-pelote, Le Père Goriot

-Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal

-Beaumarchais, Le Barbier de Séville, Le Mariage de Figaro

-Cervantès, Don Quichotte

-François-René de Chateaubriand, Mémoires d'outre tombe, René

-Pierre Corneille, Le Cid, Horace

-Georges Darien, Le Voleur

-Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, Tartarin de Tarascon

-Daniel Defoe, Moll Flanders

-Charles Dickens, David Copperfield

-Denis Diderot, Jacques le Fataliste et son maître, Le Neveu de Rameau

-Fedor Dostoïevski, Souvenirs de la maison des morts

-Dumas, Le Comte de Monte-Cristo, La Reine Margot, Les Trois Mousquetaires, Vingt ans après

-Dumas fils, La Dame aux Camélias

-Georges Feydeau, Le Dindon

-Gustave Flaubert, Bouvard et Pécuchet, Madame Bovary, Salammbô

-Théophile Gautier, Le Capitaine Fracasse, Le Roman de la momie

-Nicolas Gogol, Tarass Boulba

-Homère, Odyssée

-Victor Hugo, L'Année terrible, Le Dernier jour d'un condamnné, Hernani, Les Misérables, Notre-Dame de Paris

-Eugène Labiche, Un Chapeau de paille d'Italie

-Laclos, Les Liaisons dangereuses

-Madame de La Fayette, La Princesse de Clèves

-La Fontaine, Fables

-Gaston Leroux, Le Mystère de la chambre jaune, Le Parfum de la dame en noir

-Eugène Leroy, Jacquou le croquant

-Pierre Loti, Pêcheur d'Islande

-Hector Malot, Sans Famille

-Marivaux, Le Jeu de l'amour et du hasard

-Guy de Maupassant, Bel-Ami, La Maison Tellier et autres nouvelles, Une vie

-Prosper Mérimée, Carmen, Colomba

-Molière, L'Avare, Dom Juan, Le Tartuffe

-Montaigne, De la vanité
-Montesquieu, Lettres Persanes

-Alfred de Musset, Confession d'un enfant du siècle, On ne badine pas avec l'amour

-Charles Perrault, Contes

-Edgar Allan Poe, Histoires extraordinaires

-Alexandre Pouchkine, La Dame de pique

-Abbé Prévost, Manon Lescaut

-Marcel Proust, A l'ombre des jeunes filles en fleurs, Du côté de chez Swann

-Jean Racine, Andromaque, Britannicus, Phèdre

-Raymond Radiguet, Le Bal du comte d'Orgel, Le Diable au corps

-Jules Renard, Poil de Carotte

-Arthur Rimbaud, Une saison en enfer

-Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac

-Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions, Les Rêveries du promeneur solitaire

-George Sand, Indiana, La Mare au diable

-Walter Scott, Ivanhoé

-Stendhal, La Chartreuse de Parme, Le Rouge et le Noir

-Eugène Sue, Les Mystères de Paris

-Léon Tolstoï, La Guerre et la Paix

-Mark Twain, Les Aventures de Tom Sawyer

-Jules Vallès, L'Enfant

-Paul Verlaine, Fêtes galantes

-Jules Verne, Cinq semaines en ballon, Le Tour du monde en 80 jours, 20 000 lieues sous les mers, Voyage au centre de la Terre

-Voltaire, Candide ou l'Optimisme, Traité sur la Tolérance

-Oscar Wilde, Le Crime de Lord Arthur Savile

-Emile Zola, L'Assommoir, Au Bonheur des Dames, Germinal, Trois nouvelles, Le Ventre de Paris.

Bonne lecture à tous!

mercredi 3 février 2010

La délicatesse


"Nathalie avait lu la détresse dans le regard de Markus. Après leur dernier échange, il était parti lentement. Sans faire de bruit. Aussi discret qu'un point-virgule dans un roman de huit cents pages."


David Foenkinos, extrait de La délicatesse, Prix Humanités 2010.

dimanche 10 janvier 2010

Adieu l'artiste

Agé de 46 ans, Mano Solo est décédé aujourd'hui. Auteur-compositeur-interprète et également dessinateur de talent a la rage de vivre, ses oeuvres sont incontestablement marquées par son destin tumultueux et sa sensibilité exacerbée.
Délinquant, drogué atteint du Sida, le fils de Cabu s'éloigne très tôt des chemins conventionnels. Dans ses textes, il parle de la mort, de l'amour, de Paris, ses mots sont douloureux parfois violents, criés, et nous rappellent que "la vie c'est pas du gâteau"...
Ses musiques rythmées oscillent entre rock, punk et guinguette accordant une place importante à un grand oublié, l'accordéon.
Apaisé, l'écorché vif nous a également livré des musiques enjouées, notamment dans son album Dehors en 2000. Emaillé d'influences africaines et sud-américaines, cet opus laisse entrevoir la lumière de la gaieté.
Mano Solo c'est la colère, la rage, le désespoir. En définitive, Mano Solo c'est la vie.

dimanche 3 janvier 2010

Le Drôle de Noël de Scrooge


Ebenezer Scrooge est un vieil homme misanthrope et avare qui déteste Noël. Jusqu'au jour où il reçoit la visite d'esprits bienfaisants s'apprêtant à lui faire vivre une expérience unique.


L'adaptation Disney du Conte de Noël de Dickens est une réussite: une magnifique restitution de l'ambiance de Noël, un univers fantastique funeste et d'émouvants voyages dans le temps.


Le spectateur reconnaîtra les expressions joviales de Jim Carrey à travers l'Esprit du Noël présent. La scène en sa présence où Scrooge observe les festivités en voyageant depuis le parquet transparent de sa salle est particulièrement impressionnante.


Enfin, une belle morale et la métamorphose d'un homme aigri en homme généreux car "A quoi bon être le plus riche du cimetière"!