lundi 21 février 2011

Black Swan


Ballerine dans la troupe du New York City Ballet, Nina (Natalie Portman), jeune femme qui approche de la trentaine, décroche enfin le rôle principal de son ballet préféré, Le Lac des cygnes de Tchaïkovski.

Si Darren Aronofsky livre un thriller angoissant, filmé caméra à l'épaule et basé sur un jeu de miroirs où l'héroïne s'avère être sa pire ennemie, la force du film tient davantage de sa réflexion sur l'art. Comment incarner un rôle, faire corps avec son personnage?

La maîtrise technique de Nina n'est pas suffisante. Trop bonne élève, il lui manque la sensualité, le lâcher prise, incarnés par la rivale Lily (Mila Kunis). Prisonnière d'elle-même et de son corps, Nina ne peut faire passer l'émotion. Cette difficulté est d'autant plus mise en relief par les angoisses de la danseuse: l'angoisse de l'âge et la peur de la blessure qui menacent une carrière qui ne tient qu'à un fil.

La quête de perfection de la ballerine l'amène à la folie. En effet, l'incarnation du rôle et le travail de l'artiste constituent, dans Black Swan, un idéal mortifère. Pour Nina, la perfection et la transcendance ne se trouvent que dans l'ascèse, le sacrifice de soi.





Le quai de Ouistreham


Dans Le quai de Ouistreham, la journaliste Florence Aubenas, témoigne de son expérience de demandeur d'emploi dans le Calvados. Alors que la France subit la "crise", de février à juillet 2009, Florence Aubenas se crée une nouvelle vie sans pour autant changer d'identité, elle ne sera d'ailleurs jamais reconnue.  Son profil de femme divorcée qui n'a jamais travaillé, sans expérience et sans qualification, engage les conseillers du Pôle emploi à l'orienter vers les offres des services d'entretien, autrement dit "femme de ménage".

Son accès à l'emploi est semé d'embûches et se heurte à l'absurdité du système: impuissance du Pôle emploi et des agences d'intérim,  forums des métiers et trains de l'emploi pipés, formations bidons auxquelles les employés précaires ne peuvent se rendre et destinées à faire baisser les statistiques du chômage... Les personnes qu'elle rencontre, les "précaires", sont voués à vivoter et certaines d'entre elles voient en la crise une invention de toutes pièces destinée à justifier l'absence d'emploi.

Les postes proposés dans cette région sinistrée - Moulinex et la Société Métallurgique de Normandie ont fermé leurs portes à la fin du XXeme siècle - sont rares et les postulants doivent a contrario s'armer de patience, être rapides et corvéables à souhait.
Dans un rythme effréné, Florence Aubenas alterne les postes de femme de ménage sur le ferry de Ouistreham, dans un camping et une entreprise. Partout, le travail s'avère d'une extrême dureté, les consignes absurdes et inapplicables dans le temps imparti.

Enfin, à travers cette expérience, avec au bout du chemin le décrochage du précieux CDI, la dénonciation de la déshumanisation du personnel d'entretien qui erre tels des êtres invisibles au milieu des autres, vivants.





mardi 8 février 2011

Décès d'Andrée Chedid




La poétesse est décédée dimanche 6 février à l'âge de 90 ans. Son oeuvre, qui mêle prose et poésie, est marquée par ses origines orientales, l'Egypte et le Liban, et son profond attachement à la France: "entre Nil et Seine", confiait-elle à Brigitte Kernel en 2006 dans ses entretiens.

Ses courts récits à valeur universelle sont des hymnes à  l'amour (Le sixième jour) et à la vie (L'Enfant multiple)  qui prennent toute leur intensité dans des pays déchirés par la guerre (Le Message).

Le 12e Printemps des poètes en mars dernier, dont le thème était "couleur femme", s'était particulièrement intéressé à l'oeuvre poétique d'Andrée Chedid. 


Je cherche la beauté de l'amour sous les désastres

Andrée Chedid


Entre Nil et Seine  



 


Le message

dimanche 6 février 2011

Têtes Raides

Nouvel album et nouvelle tournée pour le groupe de Christian Olivier


Première date au Théâtre Simone Signoret à Conflans-Sainte-Honorine (78) le 05 février 2011.

Leur nouvel album est sorti ce lundi. Samedi, les Têtes Raides sont déjà sur scène!

L'occasion pour le public de découvrir les treize nouvelles chansons: de nouveaux rythmes, des textes poétiques portés par la voix grave de Christian Olivier, et ce qui fait le charme des Têtes Raides depuis toujours un détournement permanent de la langue orné de jeux de mots.

La seconde partie du concert, un véritable régal, est dédiée aux classiques: Emily, St Vincent, L'identité, Lesson n°6, etc. Une belle pause avec Pas du gâteau en hommage à Mano Solo et une ambiance de folie sur Ginette - Gino est glissé en première partie - avec le lancé de lampe habituel qui situe la chanson et ce moment en dehors de tout.


Une très bonne prestation musicale et scénique - de belles surprises que je vous laisse découvrir - alliée à la sympathie et à la simplicité des Têtes Raides, les fans ne sont jamais déçus!

Le combat reste présent. Il ne passe pas par les fusils, mais par les mots, les images, la musique. Ce sont nos armes. 

                                          Christian Olivier