vendredi 12 octobre 2012

Les Saveurs du palais




Si Christian Vincent s'est inspiré du parcours de Danièle Delpeuch, cuisinière de François Mitterrand à l'Elysée, ce film peut tout à fait être appréhendé comme une fiction.

Hortense Laborie (Catherine Frot) est cuisinière dans le Périgord. Au débotté, elle se retrouve à la tête de la cuisine privée du Président (Jean d'Ormesson), au 55 rue du Faubourg Saint-Honoré. Alors qu'elle ne l'a croisé qu'une seule fois, un certain Paul Bocuse a soufflé son nom au Président... 

Très étonnée qu'on puisse lui confier un tel poste, Hortense accepte tout de même de relever le défi. Ainsi, le film est basé sur le thème de l'étonnement et de la surprise. Hortense est chargée de surprendre le Président qui veut "retrouver le goût des choses". Le surprendre certes, mais en cuisinant à l'ancienne, à la manière de leur grand-mère.

La cuisinière du terroir ne se laisse guère impressionnée par le faste et les guerres d'ego. Dotée d'un fort caractère et d'une certaine froideur (du moins dans la partie qui retrace son parcours à l'Elysée), elle n'hésite pas à s'imposer et à défendre ses choix dans ce monde d'hommes. Les relations difficiles qu'elle entretient avec Monsieur Lepiq, chef de la cuisine centrale, relèvent à la fois de la rivalité et de la misogynie. Les Saveurs du palais révèle également l'absurdité des protocoles et l'hypocrisie de ce microcosme.

Mais le principal intérêt du film réside dans cette démonstration culinaire anti-diététique et onéreuse. Hortense est une véritable cuisinière dans le sens où elle cultive ses images littéraires avant la mise en bouche. C'est ainsi que nous pouvons réellement parler d'art culinaire qui représente un savoir-faire et un imaginaire apte à mettre aussi bien en mot qu'en bouche. C'est la raison pour laquelle, ce Président cultivé, personnage évanescent happé par ses obligations, veut prendre le temps de savourer un bon repas et de l'évoquer. Et si le titre, Les Saveurs du palais, joue sur la polysémie du substantif "palais", il suggère avant tout cette sensation délicate qu'est le goût...


Hortense  Laborie  (Catherine Frot)  et  le
Président (Jean d'Ormesson)