vendredi 23 avril 2010

Alice, où es-tu?






Si le seul nom de Burton suffit à susciter la révération, nous ne pouvons tout de même pas tout accepter du roi...


En effet, si esthétiquement nous ne pouvons presque rien lui reprocher, il n'en demeure pas moins qu'il a sacrifié le contenu du récit merveilleux de Lewis Carroll au nom de l'effet de spectacle et nous livre des personnages carnavalesques inconsistants au langage invraisemblable et rarement drôle.


Tim Burton se perd dans le labyrinthe du conte carrollien et réduit le récit à une vulgaire et incohérente guéguerre de reines sans queue ni tête. Alice, la sauveuse en armure, est d'un coup catapultée dans une bataille digne d'un blockbuster qui tombe comme un cheveu sur la soupe...


Burton oublie l'essentiel, la poésie et le merveilleux inhérents au récit de Carroll. Son Alice est de ce fait insignifiante, déjà exsangue, et se débat sans grande conviction dans un univers proche du Monde de Narnia. Cette adaptation enfantine amputée de la substantifique moelle du récit original ne fait que révéler l'usure des éléments constitutifs du film burtonien: l'univers noir est hors de propos ici et la collaboration avec Depp semble avoir atteint ses limites... Bref, un univers visuel sombre et féerique - aussi original qu'il soit - ne peut se calquer sur n'importe quelle création cinématographique en dépit du fond.


A vaincre sans péril...


vendredi 9 avril 2010

Histoires de banlieues



Deux films, un même décor: la banlieue est à l'honneur au cinéma.

Deux premiers films et deux approches totalement différentes. D'un côté la banlieue résidentielle paisible, de l'autre la banlieue dans toute sa noirceur.

Dans son premier film en tant que réalisateur, Pascal Elbé, brasse tous les problèmes qui semblent inhérents à la vie de banlieue: la délinquance, la drogue, la monoparentalité et plus particulièrement le courage des mères, le travail sous-payé, la folie, la solitude, l'insécurité ambiante, les contrôles d'identité et la ghettoïsation de ces quartiers où même les voitures des médecins constituent une menace avec leur gyrophare... Beaucoup de thèmes abordés pour seulement 1h27 de film... A vouloir trop montrer, Pascal Elbé se perd sans vraiment entrer dans l'un des sujets. Il réalise un film social très noir sur l'impossible intégration des immigrés dans un pays d'adoption qui ne tient pas ses promesses. Le tout sur fond de secret de famille et de conflit arméno-turc à la limite de la lourdeur... L'histoire filmée caméra à l'épaule a tout de même le mérite de nous tenir en haleine, le spectateur entre d'emblée dans l'action. Dans une ambiance noire à la Olivier Marchal - HLM sombres, absence de lumière et couleurs passées -Pascal Elbé nous donne à voir une banlieue où il ne fait pas bon mettre les pieds.


Les deux héroïnes putéoliennes de Tout ce qui brille sont bien loin de cette réalité. Les deux amies banlieusardes n'ont qu'un désir: franchir le périph pour se mêler à la jeunesse parisienne bourge et branchée. Ici aussi il est question d'intégration mais dans un but d'élévation sociale. Les jeunes femmes rêvent de quitter leur banlieue tranquille pour les strass et les paillettes. Quitter les HLM putéoliennes pour les apparts de Neuilly, le centre commercial des Quatre Temps pour les magasins de haute couture. Bien sûr, ce rêve va vite s'effriter au contact de la réalité, la mobilité sociale s'avère impossible et tout ce qui brille n'est pas or... Mais cette histoire est avant tout une belle histoire d'amitié entre deux jeunes femmes - ou plutôt deux "meufs" - qui ont grandi dans une cité HLM tranquille. Elles parlent verlan et délirent, mènent une vie des plus banales. Pour sa première réalisation Géraldine Nakache, accompagnée d'Hervé Mimran, nous livre un film amusant qui laisse passer la lumière et nous montre enfin au cinéma la vie des banlieues sans histoires...