Les souliers usés Nathalie Léone et Thomas Perino

Dans cet album grand format, Nathalie Léone et Thomas Perino adaptent le conte des frères Grimm, Les souliers usés à la danse ou Le Bal des douze princesses dans un style épuré et japonisant. 

Un roi est déterminé à comprendre pourquoi ses filles sont fatiguées le matin et leurs souliers usés. Il promet la moitié de son royaume et la main d’une des filles à l’homme qui découvrira leur secret. Nombreux sont les princes qui échouent et meurent après s’être endormis. Un berger se présente à son tour et pourrait bien, contre toute attente, percer le mystère et trouver l’amour.

Thomas Perino utilise la gravure sur bois tel un Gustave Doré mais ses formes art nouveau, ses couleurs et ses personnages japonais contribuent à créer un style très particulier. Ce mélange des genres sied très bien au conte. Un album à l’identité visuelle remarquable !

Je remercie La Martiniere Jeunesse et l’opération Masse critique Babelio pour l’envoi de cet album.

Piquette à la Roquette de Danielle Thiéry

Cette collection reprend le célèbre personnage de Léo Malet, le détective privé  Nestor Burma, dans des aventures inédites écrites par des auteurs contemporains.

Piquette à la Roquette se déroule après les attentats, dans un Paris meurtri. Nestor Burma doit résoudre le meurtre d’un homme qui avait sollicité ses services. Cette histoire replonge le détective dans la mort de sa maîtresse et va l’entraîner dans un Paris glauque et dangereux. 

Danielle Thiéry, première femme commissaire divisionnaire, et auteure de polar, s’approprie avec réussite le personnage de Nestor Burma. Le lecteur est tenu en haleine par l’ambiance crasse et le suspense de l’intrigue qui avance lentement. La connivence avec le héros, les personnages secondaires attachants et l’ambiance post-attentat contribuent à créer une proximité avec le lecteur. Un polar réussi!

Je remercie French Pupl Éditions et l’opération Masse critique Babelio pour l’envoi de ce polar.

Les Bizarres. Catastrophe à Huggabie City d’Adam Cece

Les Bizarres. Catastrophe à Huggabie City d’Adam Cece, illustrations d’Andrew Weldon. Bayard jeunesse.

Ce qui caractérise Huggabie City, c’est l’étrangeté de la ville dont toutes les rues portent le même nom. C’est aussi l'identité des habitants plus ou moins bizarres  avec des initiales nom et prénom identiques! Mais lorsque les habitants deviennent normaux, Kipp Kindle et ses amis Coralie Chan et Tobias Traîtrise sont bien décidés à sauver leur ville et ses spécificités. Ils devront faire face à Pestilent K. Davre de la lutte anti-Bizarrerie, Madame Turgan leur professeur sorcière ou encore une redoutable scientifique. Rien ne pourra les arrêter pour  sauver leur ville et leur identité! 

Un roman loufoque où il est question de magie et d’amitié qui n’est pas sans rappeler la bande d’amis d’Harry Potter. Une enquête pleine de vitalité pour petits et grands!

Je remercie Bayard et l'opération Masse Critique de Babelio pour l’envoi de ce roman.

Comment j'ai fait 100 films sans jamais perdre un centime de Roger Corman

Dans cette autobiographie, Roger Corman, cinéaste américain touche-à-tout prolifique, détaille sa vie professionnelle. D'abord réalisateur, il explique comment il a réussi à braver les contraintes de budget (la plupart de ses films dits de "série B" ont été réalisés avec un petit budget) ou de tournage et à créer ses sociétés de production. Sa carrière décolla avec le cycle Edgar Allan Poe (La chute de la maison Usher en 1960, La Chambre des tortures en 1961 ou encore Le Corbeau en 1963).

Producteur, distributeur et également acteur, Roger Corman livre sa conception du cinéma, lui qui a lancé de grands réalisateurs tels que Coppola, Dante, Demme ou encore Scorsese.

Le récit de Roger Corman est entrecoupé d'anecdotes et de témoignages d'acteurs, réalisateurs ou collaborateurs qui peuvent se lire indépendamment. 

Un témoignage écrit avec Jim Jerome révélateur du processus de création et du fonctionnement d'une industrie important pour l'histoire du cinéma. 

Je remercie les éditions Capricci et l'opération Masse Critique de Babelio pour l'envoi de cet ouvrage. 

La Belle et la Bête de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont

Trois contes de Madame Leprince de Beaumont constituent ce recueil : La Belle et la Belle et les moins connus Belote et Laidronette et Prince Chéri. 

Les trois contes traitent du thème de la monstruosité (physique et morale) et de rédemption. Le personnage laid à l'extérieur ne l'est pas à l'intérieur : la Bête est finalement une bonne bête capable d'aimer, les valeurs des sœurs Belote et Laidronette ne correspondent pas à leur physique (Laidronette est très cultivée) et le Prince Chéri est coupable d'hybris. Les épreuves endurées permettront aux personnages d'évoluer, de changer en bien grâce à l'amour. 

Découvrez l'univers merveilleux des contes de Madame Leprince de Beaumont grâce à cette édition à 2€. 

Je remercie l’opération Masse critique Babelio et Yaka books Editions pour l'envoi de ce livre. 

Ilitch est l'anti-héros de Macadam Byzance de Place et Starsky. Sans emploi et un peu "pieds nickelés", il erre avec son copain Hervé. Il essaie d'écrire un roman mais la rue semble toujours l'appeler. Entouré d'une galerie de personnages également oisifs, il passe ses journées dans les bistrots ou en baguenaude. Au fil des histoires est développé tout un langage argotique propre au groupe. Ilitch est un personnage attachant, il tombe amoureux d'Emilie dont il a braqué la baraque à frite et se sent désorienté lorsque son meilleur ami Hervé se marie. Ce groupe de marginaux à tendance alcoolique n'en reste pas moins comique tel le personnage de Moana qui attribue aux objets des noms bien connus (Juliette Binocles pour lire et Guillaume Canette pour boire). 

Une BD drôle et tendre sur l'amitié : rafraîchissant !

Je remercie l’opération Masse critique Babelio et Fluide Glacial pour l'envoi de cette BD.

Le quartier de Joakim Zander

Dans Le quartier, Joakim Zander nous fait suivre trois personnages à travers trois points de vue. Yasmine « chasseuse de tendances », son frère Fadi qui est soupçonné d’avoir embrassé la cause de Daech et Klara qui prépare un rapport pour l’UE la mettant en danger. L’intrigue se déroule entre New York, la Suède (la banlieue de Stockholm et le quartier défavorisé de Bergort) et Londres, entre 2000 et 2015. La relation entre Yasmine et Fadi est assez développée à travers la quête de Yasmine qui ne peut croire au choix de son frère. La fraternité est au cœur du roman, c’est pour son frère que Yasmine revient à Bergort, prête à affronter de durs souvenirs liés à leur enfance. Le lien avec Klara n’est pas immédiat, mais les chemins des deux femmes finiront par se croiser.

Un thriller fort, qui court sur quinze ans, au suspense bien maîtrisé. Le lecteur est tenu en haleine, cherchant ce qui lie ces trois destins.

Je remercie l’opération Masse critique Babelio et Actes Sud pour l’envoi de ce roman.

Remède à l’accélération d’Hartmut Rosa

Hartmut Rosa représente la quatrième génération de l’Ecole de Francfort. Critique du temps social, il propose un concept de la bonne vie. Hartmut Rosa utilise la méthode du sociologue qui enquête et observe pour comprendre la société. Pour lui, le social est autour de nous et pas seulement dans les livres. Nous sommes non aliénés lorsque nous entrons en résonance avec le monde. La proposition de Rosa est que nous sommes touchés donc nous répondons au contact et nous nous transformons. Le sociologue allemand propose une réflexion sur la vie des Chinois. A travers différents textes courts où il partage ses impressions de son voyage en Chine, pays passé de la tradition à la modernité très rapidement, Hartmut Rosa livre une réflexion sur l’accélération, la performance et le burn-out qui nous aliènent lorsque le monde extérieur ne nous parle plus.
Un petit ouvrage très accessible publié par Philosophie Magazine qui constitue une excellente entrée dans la pensée du philosophe et sociologue. 

Je remercie Philosophie Magazine et l’opération Masse critique Babelio pour l’envoi de cet ouvrage. 

Sans eux de Caroline Fauchon

Sans eux est le premier roman de Caroline Fauchon, professeur de lettres et de théâtre. 

Trois amies trentenaires, Awa, Eugénie et Lisa, doivent faire face à la disparition progressive des hommes. Petit à petit, sans véritable explication, ces derniers disparaissent. Les femmes gèrent seules, occupant toutes les fonctions et se chargeant même de la perpétuation de l'espèce. Le récit alterne entre le point de vue de Lisa, la narratrice, et les chroniques qu’elle écrit.

Malgré une écriture fluide, le récit manque d’explication quant à la disparition des hommes et, hormis Huguette, la vieille voisine de Lisa, les personnages féminins sont peu attachants. Le traitement distancié et un manque de cohérence ont entravé ma lecture, m’empêchant de vraiment accrocher à cette fiction. Je suis également passée à côté de la réflexion anthropologique et sociologique. 

Je remercie l’opération Masse critique de Babelio et Actes Sud pour l’envoi de ce roman.

Requiem pour un chat d’Olivier Bellamy

Requiem pour un chat, comme le titre l’indique, est un roman sur le deuil animal. L’auteur-narrateur, Olivier Bellamy, journaliste et animateur radio sur Radio Classique, raconte la souffrance et la fin de vie de sa chatte Margot, atteinte d’un lymphome (première cause de mortalité chez le chat). Requiem pour un chat n’est pas seulement le récit de la mort d’un chat. C’est également un texte érudit aux références multiples (littéraires, musicales et religieuses). Ainsi, Olivier Bellamy se livre à une réflexion sur la lettre M, lettre importante dans sa vie : Margot, Mozart, Mehdi et également la mère. Car Requiem pour un chat est aussi un récit de souvenirs ; la mort de Margot faisant remonter les souvenirs de la mort du père, décédé également d’un lymphome. Le traitement par chimiothérapie de Margot est donc entrecoupé de souvenirs familiaux et de digressions. Cela permet au lecteur de « souffler » tant le récit de la maladie de Margot est éprouvant. L’espoir viendra d’un petit chat, Mabrouk   –  encore un M  –  à l’arrivée épique. Ce chaton « multiple » clôt bien le récit car il « porte en lui le souvenir de ceux qu’[Olivier Bellamy] aime et qui ont disparu ».

Un récit hybride d’une belle sensibilité, bouleversant par son sujet peu traité en littérature, qui aurait pu s’intituler Tombeau de Margot, texte à la gloire de l’animal bien-aimé.

16 nuances de première fois

Ce recueil de seize nouvelles dont le titre est un clin d’œil à Cinquante nuances de Grey d’E. L. James regroupe des récits d’auteurs pour la jeunesse autour du thème de la première fois. Et donc autant de points de vue et d’expériences sur ce moment important qui marque l’entrée dans le monde adulte. Les nouvelles sont de différentes natures pour témoigner d’un point de vue féminin ou masculin de cette étape : échange de SMS entre amies, coup de foudre, la fête comme moment propice, amours homosexuelles, risques, pression entre adolescents et appréhension de ne pas y arriver. 

Un recueil pertinent dont certains textes sont assez crus, voire vulgaires (les jeunes d'aujourd'hui disposent d'un accès libre à la pornographie) mais justes sur la sexualité des adolescents.  L’objectif du recueil, annoncé dans la préface d’Alain Héril, psychanalyste et sexothérapeute, est bien respecté : montrer des premières fois sans jugement.

Je remercie Eyrolles et l'opération Masse critique pour l'envoi de cet ouvrage. 

MEILLEURS VŒUX

Les vœux du chat de Philippe Geluck

Que l'année 2019 soit riche en découvertes culturelles et livresques !