Adapter la dense œuvre de Victor Hugo
n'est pas une mince affaire... Le roman est un pavé de 800 pages. Jean-Pierre
Améris (Les Emotifs anonymes) relève le pari en 1h30!
L'histoire se déroule en Angleterre, au début du XVIIIe
siècle. Gwynplaine est un enfant au visage mutilé, une énorme cicatrice tranche
sa bouche jusqu'aux oreilles. Abandonné, il sauve une jeune orpheline aveugle,
Déa. Les deux enfants trouvent refuge dans la roulotte d'Ursus (Gérard
Depardieu), forain éclairé. Les trois compères vont former une
petite troupe de saltimbanques. Ensemble, ils créent un spectacle basé sur leur
propre histoire: Ursus narre les malheurs de ces deux enfants qui jouent leur
propre rôle. Gwynplaine (Marc-André
Grondin) est un monstre condamné à se cacher ou à faire rire. Une
bête de foire en somme dont seule la jeune Déa (Christa Theret), l'aveugle
capable de discernement, voit la beauté. Mais Gwynplaine n'est pas en réalité
un simple baladin...
Comme dans Les
Émotifs Anonymes, il s'agit d'une histoire d'amour entre deux personnes
hors des normes et condamnées par la société. Si l'univers des Émotifs Anonymes était coloré, la mise
en scène de L'Homme qui rit est très noire, parfois trop. Cette
ambiance gothique rappelle Tim Burton et sa figure du
monstre (Edward
aux mains d'argent).
Le film joue sur les thèmes antinomiques laideur et beauté, misère et
richesse, mal et bien, en écho aux personnages.
Jean-Pierre
Améris livre une conte philosophique noir et une critique acerbe des mœurs qui
atteint son apogée lors
du discours de Gwynplaine
à la chambre des Lords.
Gwynplaine (Marc-André Grondin) s'apprête à faire son discours